Lors d’une infection par le virus de l’immunodéficience humaine, des similarités avec le syndrome clinique de fragilité sont observées. Malgré l’utilisation de traitements antirétroviraux permettant de limiter la réplication virale, les patients HIV+ sont plus souvent diagnostiqués fragiles que les patients sains. Le développement de la fragilité semble être lié aux comorbidités et au style de vie des patients infectés. Les traitements antirétroviraux permettent de prolonger l’espérance de vie des patients HIV+. Cependant la combinaison du vieillissement, de la toxicité des antirétroviraux et du mode de vie, contribue à une augmentation de l’obésité, une diminution de la masse musculaire et une prévalence plus élevée d’ostéopénie et d’ostéoporose chez ces patients. Dans ce contexte, les chercheurs de cette étude se sont intéressés à déterminer les associations possibles entre la fragilité et un panel de mesures de composition corporelle chez des hommes adultes atteints de VIH ou non.

L’équipe de Hawkins et al. a inclus 399 hommes dont 199 hommes infectés par le HIV et 200 hommes non infectés, à partir de l’étude MACS. La fragilité de chaque homme a été déterminée à l’aide des critères de Fried.

Les résultats ne montrent pas de différences significatives entre les médianes des mesures d’adiposité globale, adiposité abdominale, masse maigre, sarcopénie et densité osseuse des hommes HIV+ et des hommes non infectés. Cependant, certaines régions d’adiposité sont significativement différentes : l’adiposité viscérale est significativement supérieure chez les patients infectés, et l’adiposité sous-cutanée est significativement supérieure chez les hommes sans HIV. De plus, les chercheurs ont pu montrer que la sarcopénie et l’ostéoporose sont plus fréquemment retrouvées chez les hommes HIV+ que chez les hommes sains. Concernant la fragilité, l’infection au HIV augmente d’un facteur 2.43 le risque de fragilité, mais cette association ne semble plus être significative après ajustement des modèles.

Cette étude montre donc que la sarcopénie et l’adiposité centrale (viscérale et tour de taille) sont associées à la fragilité. Cependant, l’IMC (indice de masse corporelle) et l’adiposité sous-cutanée n’ont pas montré d’association avec la fragilité. Malgré le fait que les chercheurs ont montré que l’infection HIV est associée à une augmentation de la fragilité, les effets de la composition corporelle sur la fragilité ne semblent pas différer en fonction du statut HIV. L’étude de Hawskins et al, a par ailleurs soulevé le point, qu’outre l’infection HIV, il semblerait que les voies de signalisation impliquées dans l’adiposité centrale, la sarcopénie, et l’ostéoporose interagissent entre-elles. Des interventions sur ces trois composants pourraient donc avoir des effets prometteurs afin de prévenir, retarder et améliorer la fragilité.

Hawkins, K.L., Zhang, L., Ng, D.K., Althoff, K.N., Palella, F.J., Kingsley, L.A., Jacobson, L.P., Margolick, J.B., Lake, J.E., Brown, T.T., et al. (2018). Abdominal obesity, sarcopenia, and osteoporosis are associated with frailty in men living with and without HIV. AIDS Lond. Engl. 32, 1257–