Aujourd’hui, il est admis que la pratique régulière d’une activité physique, tout au long de la vie, est une exigence majeure pour vieillir en bonne santé. Il est également connu que le système immunitaire est facilement influencé par l’activité physique et qu’une inactivité accrue contribue à la perte d’immunité des personnes âgées.

Les auteurs de cette revue se sont donc intéressés à la question suivante : Comment la diminution de l’activité physique au cours du vieillissement contribue-t-elle au déclin immunitaire qui à son tour prédispose à la multi-morbidité ?

Lors du vieillissement, des modifications au niveau du système immunitaire inné et adaptatif apparaissent, telles que : une perte de la capacité de migration et des fonctions antimicrobiennes des neutrophiles et monocytes, une diminution de de la cytotoxicité des cellules NK, une diminution au niveau de la quantité et de la qualité des anticorps produits par les cellules B, une atrophie thymique et une fréquence plus importante de cellules T différenciées. De plus, il semblerait que le phénomène d’immunosenescence, qui fait partie du processus de vieillissement, soit plutôt une cause d’apparition de maladies liées au vieillissement plutôt qu’une conséquence de celles-ci. A propos de l’activité physique, une étude réalisée sur des cyclistes âgés de 55-79 ans a montré que l’activité physique semble plutôt améliorer l’immunosenescence plutôt que la prévenir totalement. Mais, par quels mécanismes le muscle régule-t-il le système immunitaire ? Lors d’une activité physique, le muscle actif va produire des myokines, telle que l’interleukine IL-6, qui va exercer des actions anti-inflammatoires en bloquant le récepteur à l’IL-1 au niveau des monocytes et des macrophages. L’IL-15, également libérée par les fibres musculaires, va promouvoir la survie des cellules T naïves et la cytotoxicité des cellules NK ; tandis que l’IL-7 va permettre le maintien des fonctions thymiques. Le muscle peut également produire des facteurs de croissance qui vont favoriser l’activité des macrophages anti-inflammatoires de type M2. De plus, l’activité physique au long cours, va favoriser la synthèse de médiateurs tels que les catécholamines, augmenter la sensibilité des récepteurs lymphocytaires β2-adrénergiques et promouvoir l’apoptose des cellules T sénescentes. Tous ces phénomènes concourent à augmenter le nombre et la diversité des cellules T naïves, donc augmenter la protection vaccinale et diminuer le risque d’infections.

Dans ce contexte, l’activité physique a été proposée comme thérapie. Tout d’abord, comme un traitement adjuvant immunologique. En effet, une simple augmentation de l’activité physique peut être un adjuvant efficace pour limiter la toxicité et augmenter l’efficacité des thérapies anti-cancéreuses. Cependant, les individus sous chimiothérapies sont souvent trop faibles physiquement pour augmenter leur activité physique. C’est pour cette raison que celle-ci est désormais préconisées avant même de débuter le traitement.

L’activité physique peut également être utilisée comme thérapie pour prévenir la multi-morbidité. Des études à partir de modèles animaux ont pu mettre en évidence que l’activité physique augmente l’espérance de vie et prévient des pathologies apparaissant au cours du vieillissement. Effectivement, les cellules sénescentes secrètent des cytokines pro-inflammatoires (SASP) qui favorisent le phénomène de « inflamm-ageing ». L’activité physique va pouvoir prévenir ce phénomène en ciblant les cellules sénescentes ; mais également en contrecarrant d’autres mécanismes de vieillissement tels que le raccourcissement des télomères, la perte d’autophagie, le phénotype pro-inflammatoire, et les changements épigénétiques.

Une activité physique pratiquée tout au long de la vie semble donc être un élément essentiel pour diminuer la multi-morbidité et favoriser le viellissement réussi, notamment en ciblant l’immunosenescence. Cependant, il est nécessaire de réaliser des études interventionnelles chez l’homme afin de mieux étudier ce lien de causalité. Les auteurs soulignent également qu’il faudrait stratifier les prescriptions d’activité physique en terme de dose et d’intensité et déterminer les pathologies pour lesquelles l’activité physique pourrait avoir le plus d’impact.

Référence : Duggal, N.A., Niemiro, G., Harridge, S.D.R., Simpson, R.J., and Lord, J.M. (2019). Can physical activity ameliorate immunosenescence and thereby reduce age-related multi-morbidity? Nat. Rev. Immunol. 1.