Depuis des décennies, plusieurs générations de médecins, pharmaciens, chercheurs, neuropsychologues, infirmières, associations, fondations et industriels se sont mobilisés pour avancer et améliorer la prise en charge de la maladie d’Alzheimer et des autres maladies neurocognitives. Ces générations, dont certains sont partis en retraite depuis plus ou moins longtemps ont oscillé entre espoirs et échecs. Nous devons saluer et remercier cette volonté indéfectible qu’ils ont eu d’avancer sans relâche pour que nous ayons enfin la chance en 2022 et 2023 d’apprendre la bonne nouvelle de deux phases III positives dans les immunothérapies anti amyloïdes dans la maladie d’Alzheimer et la presque validation de biomarqueurs plasmatiques qui devraient arriver en pratique clinique courante.
Sans ces générations et cet engagement, les premiers pas pour répondre au défi thérapeutique n’auraient pas été possibles.
Nous devons nous réjouir de ces avancées cruciales pour nos patients mais ne devons pas nous laisser emporter par un enthousiasme démesuré et qui in fine obérerait à de nouvelles découvertes.
Ces avancées thérapeutiques sont un premier pas vers une multithérapie. Actuellement, ces nouveaux traitements ciblent les patients souffrant d’une maladie d’Alzheimer cliniquement débutante mais pour mémoire, au stade dit « cliniquement débutant », les lésions amyloïdes et tau sont présentes depuis 15-20 ans dans le cerveau. Avoir pour objectif de traiter curativement la maladie avec un seul traitement administré aussi longtemps après le début des lésions serait illusoire. Force est de reconnaitre, qu’il était quasiment inespéré d’obtenir un ralentissement aussi significatif (25-30%) de l’évolution clinique avec une seule molécule administrée si tardivement après le début des lésions. Dans ce contexte, ces nouveaux traitements ont une véritable efficacité et démontre que la maladie d’Alzheimer n’est pas inaccessible au traitement. Ils ont également des effets secondaires dont la majorité est évitable par une évaluation fine et raisonnée des indications et du profil des patients.
Il faudra également apprendre à répondre au défi diagnostique avec une demande qui sera probablement croissante et l’intégration de l’utilisation de biomarqueurs plasmatiques. Là encore, l’éthique, les données scientifiques et la rigueur médicale devront guider les indications de ces biomarqueurs afin d’une part ne pas affoler les personnes et d’autres part pouvoir poser assez rapidement le diagnostic et la prise en charge adaptée au stade et profil du patient.
Enfin, ces traitements correspondront à un très faible pourcentage de patients, il ne faudra pas laisser de côté les patients modérés ou plus avancés pour lesquels les développements thérapeutiques continuent ainsi que des innovations en termes de prises en charge non médicamenteuses
Comme en témoigne le programme du Congrès National 2023 des Unités de soins, d’évaluation et de prise en charge Alzheimer, les quatre défis diagnostique, pronostique, thérapeutique et éthique seront présentés, discutés et débattus pour un congrès toujours plus enrichissant. Nous vous souhaitons à toutes et à tous un excellent congrès.
Excellent congrès à toutes et tous.
Professeur Claire PAQUET
Représentante Médicale Elue de Lariboisière Fernand-Widal
Cheffe de Service Centre de Neurologie Cognitive
GHU APHP Nord Lariboisière Fernand-Widal
Université de Paris Cité – INSERM1144
Directrice du Département de Formation Continue
UFR Médecine
Université de Paris Cité
Paris