Les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) ont un vieillissement apparaissant 10 ans plus tôt que les sujets non infectés. Afin de comprendre les mécanismes sous-jacents et le potentiel rôle protecteur d’une activité physique aérobique, l’équipe de Nelson et al., a rédigé une revue de la littérature concernant la fragilité muscolo-squelettique observée chez ces patients.
Il est observé chez les PVVIH une inflammation chronique, caractérisée entre autres par l’augmentation des niveaux sanguins de cytokines inflammatoires (TNF-α, IL-6), et de CRP pouvant avoir des effets directs délétères sur le fonctionnement du muscle squelettique. Cette inflammation chronique est accompagnée d’une activation immunitaire persistante délétère, notamment due à des phénomènes de translocation microbienne. Ces phénomènes participent à l’« inflamm-aging » observés chez les PVVIH. De plus, les PVVVIH ont un métabolisme énergétique souvent altéré, caractérisé par des dommages mitochondriaux ainsi qu’une production excessive d’espèces réactives de l’oxygène pouvant favoriser la perte de masse musculaire, la fatigue et la réduction de la vitesse de marche, qui sont des phénomènes observés au cours du vieillissement. Enfin, des altérations endocriniennes (lipodystrophie notamment) observées chez les PVVIH sont associées à une diminution de la concentration en hormone de croissance et en IGF-1, régulateur essentiel dans la sarcopénie et la fragilité.
La fragilité musculo-squelettique observée chez les PVVIH peut être expliquée par plusieurs mécanismes :
- Le traitement antirétroviral est corrélé à une augmentation de troubles du métabolisme du glucose et à une diminution de la densité osseuse.
- La virus VIH lui-même (protéines Tag et Nef) peut entrainer une perte de densité osseuse en impactant les cellules souches précurseurs des ostéoblastes.
- Les comorbidités associées à l’infection VIH : co-infections virales (hépatite B, hépatite C, CMV), le diabète et l’insulinorésistance, ainsi que les pathologiques chroniques rénales, artérielles, cardiovasculaires et pulmonaires peuvent participer à l’inflammation et à l’activation immunitaire chronique entrainant une fragilité accélérée.
- Les facteurs psychosociaux et environnementaux : dépression, stress socioéconomique, tabac, alcool
- Les facteurs nutritionnels : manque de protéines du fait d’une alimentation peu variée
- Un vieillissement biologique accéléré, caractérisé par une réduction des télomères et un vieillissement épigénétique augmenté induit par le VIH
Dans ce contexte, les auteurs de cette étude ont discuté les bénéfices que pourrait apporter une activité physique aérobique chez les PVVIH. Effectivement, celle-ci a une action anti-inflammatoire en augmentant la production systémique d’énergie mitochondriale chez les personnes non infectées. L’exercice aérobique pourrait également limiter l’activation immunitaire et les altérations endocriniennes observées chez les PVVIH. Malheureusement encore peu d’études se sont intéressées à son effet chez les PVVIH d’âge moyen, alors qu’ils constituent un groupe de personnes à risque élevé de fragilité et de vieillissement accéléré.
Réf : Nelson, A.K., Fiskum, G., Renn, C. et al. Mechanisms of Musculoskeletal Frailty in People Living with HIV. J Frailty Aging 11, 83–90 (2022). https://doi.org/10.14283/jfa.2021.44