Les troubles cognitifs sont fortement associés à la fibrillation auriculaire (FA). Le contrôle de la fréquence cardiaque (ralentissement de la fréquence cardiaque) et la normalisation du rythme (réduction de la FA) sont les deux stratégies thérapeutiques dans la FA mais l’effet de ces deux stratégies thérapeutiques sur le risque de déclin cognitif et de fragilité n’est pas bien établi.
Nous avons cherché à déterminer en quoi la stratégie thérapeutique conditionne les résultats en gériatrie.
L’étude SAGE-AF (Systematic Assessment of Geriatric Elements-AF) était une étude de cohorte prospective et observationnelle. Les personnes âgées atteintes de FA ont été recrutées de manière prospective entre 2016 et 2018 et ont bénéficié d’un suivi longitudinal de 2 ans. De manière non randomisée, les participants ont été regroupés par stratégie en fonction de la stratégie thérapeutique : contrôle de la fréquence cardiaque ou normalisation du rythme en se basant sur le traitement clinique au moment de l’inscription. Les caractéristiques à l’entrée dans l’étude ont été comparées. Des modèles mixtes binaires longitudinaux ont été utilisés pour comparer la stratégie de traitement en ce qui concerne les changements dans la fonction cognitive et l’état de fragilité. La fonction cognitive et l’état de fragilité ont été respectivement évalués à l’aide de la Batterie d’Evaluation Cognitive de Montréal (MOCA test) et des critères de Fried.
972 participants (âge moyen = 75 ans, écart-type = 6,8 ; 49 % de femmes, 87 % de race blanche non hispanique) ont effectué un examen à l’entrée dans l’étude et un suivi de 2 ans. 408 (42 %) ont été traités avec contrôle de la fréquence cardiaque et 564 (58 %) avec normalisation du rythme. Les caractéristiques des patients des deux groupes étaient différentes au départ. Les participants du groupe qui a bénéficié d’un ralentissement de la fréquence cardiaque étaient plus âgés, avaient plus souvent une FA persistante, un antécédent d’accident vasculaire cérébral, un traitement par warfarine et des troubles cognitifs de base. Après ajustement pour tenir compte de ces différences de base, les participants traités pour contrôler la fréquence cardiaque étaient 1,5 fois plus susceptibles de souffrir de troubles cognitifs sur une période de 2 ans (OR ajusté : 1,47, IC à 95 % : 1,12, 1,98) et présentaient un déclin plus important de leur fonction cognitive (estimation ajustée : – 0,59 (0,23), p < 0,01) par rapport à ceux qui avaient bénéficié d’une normalisation du rythme. En ce qui concerne le statut de fragilité on n’observait pas de différence entre les deux stratégies de traitement.
Pour conclure, parmi ceux qui ont bénéficié d’un suivi de 2 ans dans une cohorte observationnelle non randomisée, la décision de contrôler la fréquence cardiaque dans la FA chez les personnes âgées était associée à un risque accru de déclin de la fonction cognitive, mais pas de fragilité.