La 31e conférence scientifique annuelle sur les rétrovirus et les infections opportunistes, la CROI 2024, s’est tenue du 3 au 6 mars à Denver, aux Etats-Unis, rassemblant 3 635 participants avec 70 pays représentés.

Sur ces 3 jours, beaucoup de présentations ont été faites sur les infections opportunistes et le vieillissement, dont une session entière dédiée au vieillissement et à la fragilité « Aging and Frailty » montrant l’évolution de la recherche dans ce domaine, même dans les infections opportunistes et le VIH. Effectivement, les antirétroviraux ont permis d’allonger considérablement l’espérance de vie des personnes vivant avec le VIH (PVVIH), qui représente désormais une partie importante de la population de plus de 65 ans mais qui présentent des comorbidités: maladies cardiovasculaires, cancer, maladies hépatiques, maladies rénales, troubles neurologiques.

Parmi les travaux présentés à la CROI 2024, nous retiendrons entre autre, des travaux sur les biomarqueurs de la translocation microbienne et de l’inflammation associés à la fragilité chez les PVVIH (S A. Ruderman), une augmentation d’inflammation qui est associée aux complications liées au SIDA et non liées au SIDA chez les adultes sous ARV (K Singh), les résultats de la « MOVING study » sur l’activité physique des PVVIH (M Sánchez-Conde) ou encore l’application des critères STOPP un outil de dépistage validé des prescriptions chez les personnes âgées dans une cohorte urbaine de PVVIH (L F O’Connor).

L’une d’elles, d’une équipe de l’Université de Washington, a consisté à évaluer la fragilité et la qualité de vie liée à la santé dans une cohorte vieillissante de personnes vivant avec le VIH, de 2012 à 2022 (L N Drumright). La qualité de vie a été évaluée à l’aide de l’échelle visuelle analogique EQ-5D, et la fragilité, à l’aide d’un phénotype de fragilité modifié basé sur les 4 composants de la fragilité de Fried, lors des visites cliniques de routine tous les ~3-6 mois. Parmi les 12397 PVVIH inclus, 41% étaient robustes, 45% étaient préfragiles, 14% étaient fragiles, et le score de qualité de vie moyen était de 73. Les PVVIH fragiles et préfragiles ont rapporté une qualité de vie inférieure de ~30% et ~10% respectivement par rapport à ceux qui n’étaient pas fragiles.

Une autre étude, de N Climent et al., s’est focalisée sur l’évaluation d’un traitement sénolytique (Dasatinib et Quercetin) pour cibler les cellules sénescentes qui sont davantage augmentés chez les PVVIH âgés par rapport aux personnes âgées non infectées, du fait de « l’inflamm’Aging » induit par l’infection VIH. 12 PVVIH des cohortes d’infection aiguë, chronique et avancée avant et après un an de traitement antirétroviral, ainsi qu’un groupe témoin VIH-négatif apparié par sexe et âge, ont été inclus. Les cellules immunitaires de ces individus ont été mises en culture avec les traitements sénolytiques. Le traitement sénolytique ex vivo a diminué la majorité des facteurs du phénotype sécrétoire associé à la sénescence (SASP), montrant que ces médicaments pourraient être utiles pour inverser la sénescence cellulaire, l’inflammation chronique et les comorbidités liées au vieillissement chez les PVVIH.

En résumé, une conférence riche en études sur le vieillissement chez les PVVIH, les comorbidités associées, les mécanismes de fragilité et d’inflammation, et des recherches thérapeutiques pour diminuer cela.